L'ennemi de mon ennemi est mon ami : une nouvelle alliance d'indépendants, de militants anti-guerre et anti-Big Pharma se rallie à Trump, rejetant les dérives wokes et l'interventionnisme de l'establishment démocrate dans la course à la Maison Blanche de 2024. Une coalition construite pour durer ? Dans un reportage de terrain, prenons le pouls de l'Amérique indécise juste avant l'élection la plus importante de son histoire.
New York, Washington D.C., puis retour à New York : c'est un parcours singulier, mais non moins révélateur de l'état actuel de la politique américaine, que j’ai entrepris ces dix jours pour rencontrer diverses figures de la vie politique et observer de près un mouvement inédit. Dans l'Amérique divisée d’aujourd’hui, de nombreux indépendants, dont le pragmatisme tranche avec les schémas bipartisans traditionnels, se rallient massivement à Donald Trump pour les élections de 2024, appuyés par une base de militants anti-guerre et des voix dissidentes des partis autrefois dominants. Ce mouvement de coalition, plus qu'un simple ralliement, témoigne d'un rejet fondamental de la vision interventionniste de l'administration Biden-Harris et des dérives du complexe militaro-industriel.
Rencontre marquante : Diane Sare, l’indépendante et porte-voix du mouvement anti-guerre
Lors de notre entretien, Diane Sare, candidate indépendante pour le Sénat dans l’État de New York, m’a détaillé le parcours exigeant qu’elle a dû emprunter pour figurer sur le bulletin de vote des élections sénatoriales de 2024. « Pour se présenter en tant qu’indépendant, il faut rassembler un nombre significatif de signatures. » explique-t-elle. « La loi exige que les candidats non affiliés à un parti majeur soumettent des pétitions avec au moins 70 000 signatures d'électeurs inscrits lors de la dernière élection, selon le chiffre le plus élevé. Je suis la seule candidate à avoir réussi cet exploit cette année. »
Affiliée au LaRouche Party et à l’Institut Schiller, Diane Sare se définit avant tout comme une figure du mouvement anti-guerre. « Je m’oppose fermement à l’utilisation de fonds publics pour financer des conflits comme ceux en Ukraine ou au Moyen-Orient. Je plaide pour une désescalade complète des tensions militaires dans ces régions. » souligne-t-elle avec conviction. Ce positionnement, rare dans le paysage politique américain, la distingue comme une voix critique de l'interventionnisme qui domine les débats actuels aux USA.
Diane révèle également un lien particulier avec la France. « J’ai de nombreux amis en France et je connais bien Jacques Cheminade. » confie-t-elle, en faisant référence au président de Solidarité et Progrès, le parti souverainiste français. Diane Sare a d’ailleurs été l’une des intervenantes invitées lors de la rentrée politique de Solidarité et Progrès animée par Sébastien Périmony, où elle a exprimé sa vision d’une Amérique moins interventionniste et plus respectueuse de la souveraineté des autres nations.
À travers cet engagement, Diane Sare et son collaborateur Jose Vega, candidat au congrès du mouvement LaRouche dans le Bronx, portent une alternative audacieuse face à la politique étrangère actuelle. En rejoignant le cercle restreint des candidats indépendants, ils défendent une approche résolument pacifique qui séduit une base d’électeurs lassés par les interventions militaires et les dépenses de guerre. Pour eux, le message est clair : il est temps que les États-Unis privilégient la diplomatie et la paix.
Le choix de Trump, pour les militants anti-guerre, se fait au nom de la « raison » et du réalisme politique. L’ancien président, malgré ses controverses, demeure le candidat le moins belliqueux de la campagne. Durant son mandat, il n’a initié aucun conflit et a même su faciliter plusieurs accords de paix au Moyen-Orient, tout en apaisant les relations avec la Corée du Nord. Pour Diane Sare et ses partisans, le choix semble évident : un retour de Trump à la Maison-Blanche pourrait offrir une rupture avec la dynamique belliqueuse de l’administration actuelle, incarnée, à leurs yeux, par Kamala Harris et l’influence néfaste des néoconservateurs.
Le mouvement LaRouche et l’héritage d’une pensée dissidente
Bien que l’étiquette de candidate anti-guerre de Diane Sare séduise un public large, ses partisans se réclament en majorité du mouvement LaRouche, fondé par le dissident politique Lyndon LaRouche. Celui-ci avait exprimé une admiration notable pour Charles de Gaulle dans son ouvrage La France après de Gaulle, coécrit avec Jacques Cheminade en 1981. Pour LaRouche, de Gaulle incarnait un modèle de leadership souverainiste et visionnaire, marqué par une volonté de préserver l’indépendance de la France face aux influences étrangères. Il saluait le pragmatisme du général, qui savait allier patriotisme et ouverture internationale tout en protégeant la souveraineté nationale. LaRouche voyait en de Gaulle un exemple de dirigeant capable d’affronter les crises mondiales avec une approche long-termiste et une vision enracinée dans l’intérêt national, des valeurs que lui-même partageait et défendait dans son engagement politique.
Le mouvement de LaRouche, qui lui a survécu, se distingue depuis des décennies par sa critique acerbe des guerres d’intervention, de l’expansionnisme américain, du globalisme et d’un capitalisme financier débridé. L’idéal de LaRouche, prônant une vision multipolaire et un retour à une économie productive, s’oppose frontalement aux politiques néolibérales et militaristes qui dominent aujourd’hui les cercles de pouvoir.
The Peace Freedom Rally : un rassemblement contre "la machine de guerre"
En suivant la campagne de Diane Sare, j’ai eu l’opportunité d’assister au Peace Freedom Rally à Kingston (NY), un rassemblement réunissant plusieurs figures emblématiques du mouvement anti-guerre. Parmi elles, Scott Ritter, ancien inspecteur de la commission spéciale des Nations Unies (UNSCOM), chargé entre 1991 et 1998 de superviser l’élimination des armes de destruction massive en Irak, poste dont il a démissionné en signe de protestation. Suite à son expérience au sein de l’UNSCOM, Ritter est devenu l’un des critiques les plus virulents de la politique américaine vis-à-vis de l’Irak, s'imposant comme le principal sceptique de l'affirmation de l'administration Bush selon laquelle Hussein cachait des armes de destruction massive.
On retrouvait également le juge Andrew Napolitano, ancien de la Cour supérieure du New Jersey et libertarien de renom, connu pour sa défense intransigeante des libertés individuelles et son opposition résolue au pouvoir centralisé de l’État. Max Blumenthal, écrivain et journaliste, fondateur du site The Greyzone, connu pour ses analyses indépendantes et souvent critiques du discours dominant, était lui aussi présent. La diversité de ces voix dissidentes illustre l’attrait grandissant de cette dynamique indépendante, rassemblant ceux qui s’opposent à l'interventionnisme et prônent une approche politique fondée sur la souveraineté et la paix.
Ritter : Un avertissement direct à la France
Lors de ce rassemblement, l’ancien inspecteur de l’ONU, Scott Ritter, m’a livré un témoignage sans détour sur les dangers actuels de la politique étrangère américaine. Avec une gravité que peu peuvent ignorer, il m’a expliqué que la situation mondiale pourrait bientôt basculer dans l’irréparable : « Selon mes sources, si Joe Biden avait signé un certain document, il y aurait eu un risque réel de conflit nucléaire. Et cela ne concernerait pas seulement l’Amérique ; les Français, vous seriez morts. » Pour Ritter, le spectre d’une guerre nucléaire n’est plus une simple hypothèse ; c’est une possibilité tangible, un chemin qui pourrait conduire la France, tout comme l’Amérique, à des souffrances incalculables.
« Ce qui se passe en Amérique résonne à l’échelle mondiale, » poursuit-il. « Le conflit en Ukraine nous pousse tous, Français y compris, sur une route solitaire vers l’enfer. » Dans ce discours empreint de lucidité, Ritter ne mâche pas ses mots. Il pose la question de manière directe et personnelle : « Est-ce que l’Ukraine vaut la vie de vos familles ? Celle de votre pays ? Non. Parce que c’est ce que fait Joe Biden. Il se comporte comme un terroriste en sacrifiant tout pour soutenir l’Ukraine. Si c’est ce que vous voulez, alors allez-y. Mais moi, je ne suis pas prêt à sacrifier l’avenir de mes enfants pour cette folie. »
Quand je lui ai fait remarquer qu’il n’existait en France aucun mouvement anti-guerre d’envergure pour exprimer une telle opposition. Il me répond, d’un ton grave et déterminé : « Créez-en un. Si vous ne voulez pas voir vos familles et vos amis mourir. » Ces mots, à la fois simples et terriblement urgents, résonnent comme un appel direct à l’action. Pour Ritter, il ne s’agit pas d’un choix politique abstrait, mais d’une question de survie collective, d’une prise de position essentielle pour préserver les générations futures de l’emprise d’un complexe militaro-industriel aux ambitions sans limites.
À Washington : un front commun entre républicains et indépendants
Après Kingston, je me suis rendu à Washington D.C. pour assister à un événement d’une portée symbolique exceptionnelle : le rassemblement "Rescue the Republic" organisé face au Washington Monument. Malgré un ciel gris, républicains et indépendants de tous horizons se tenaient côte à côte, unis par une vision commune d'une Amérique libérée de la domination de l’élite militaro-industrielle et des lobbies de Washington.
L’événement s’articulait autour d'une figure extrêmement populaire, Robert F. Kennedy Jr., neveu du président John F. Kennedy et fils du sénateur Robert F. Kennedy, qui furent tous deux assassinés. Lorsqu’il était encore candidat aux primaires démocrates face à Joe Biden et d’autres, Kennedy se maintenait à 20 % dans les sondages avant de se retirer de la course en octobre 2023, annonçant alors son intention de se présenter à l’élection générale en tant qu’indépendant. Il a depuis renoncé à cette candidature pour rejoindre Trump, en échange d’un rôle clé dans une future administration. Kennedy y a affirmé sa mission de réformer les agences de santé et de renseignement, qu’il accuse, non sans polémique, d’avoir conspiré historiquement contre sa famille.
Dans le sillage de cette alliance, Tulsi Gabbard, ancienne représentante du parti démocrate et aujourd'hui très critique envers une formation qu'elle décrit comme « désormais sous le contrôle total d’une cabale élitiste de fauteurs de guerre animés par un esprit de lâche », a pris la parole derrière vitres pare-balles pour expliquer sa décision de rallier les républicains : « Ce n’est pas moi qui ai quitté le parti démocrate, c’est lui qui m’a abandonnée. »
D'autres figures emblématiques se sont succédé au micro : Jordan Peterson, Russell Brand, Bret Weinstein, le sénateur Ron Johnson, et le Dr Robert Malone, pionnier de la technologie à ARN messager et grand critique des thérapies géniques anti-COVID.
En coulisses, ce dernier m’a confié son inquiétude croissante face au projet de traité pandémique de l’OMS qu’il perçoit comme une menace pour la souveraineté des nations et les libertés individuelles, d’où son soutien à l’initiative du jour.
Cette journée dans les coulisses de ce rassemblement majeur fut pour nous également l'occasion d'exprimer notre soutien au peuple américain au micro de de Jan Jekielek qui couvrait l'évènement pour Epoch TV.
Chacun des orateurs présents a lancé une critique acerbe contre l’administration actuelle, l’accusant de sombrer dans un wokisme extrême et un racialisme discriminant, mais aussi de servilité envers les grandes entreprises et de négliger les intérêts du peuple américain. Des affiches aux slogans percutants, comme « A vote for Kamala is a vote for nuclear war », tapissaient la foule, traduisant le sentiment de défiance et l’appel à un changement radical.
En conclusion de l’événement, Robert F. Kennedy Jr., a pris la parole derrière des vitres pare-balles, face à une assemblée de partisans arborant des casquettes vertes "Make America Healthy Again" (MAHA). Il a dénoncé avec vigueur la collusion entre l’État et les grandes entreprises, en particulier dans les industries alimentaire et pharmaceutique.
« Nous réclamons notre autonomie vis-à-vis des compagnies pharmaceutiques, des géants de l’agroalimentaire et des grandes entreprises de la distribution alimentaire, » a-t-il déclaré. Il a rappelé comment, dans les années 90, les entreprises de tabac, alors en difficulté en raison de poursuites judiciaires et de pressions gouvernementales, ont utilisé leurs excédents de liquidités pour racheter les grands groupes de l’alimentation. « À la fin des années 90, les deux plus grandes entreprises alimentaires au monde étaient Philip Morris et R.J. Reynolds. Ils ont mis à contribution leurs scientifiques, ceux-là mêmes qui rendaient le tabac plus addictif, pour concevoir des aliments également addictifs en y introduisant des produits chimiques artificiels que notre organisme ne sait pas traiter. En Europe, ils n’auraient jamais pu le faire, mais ici, des milliers de ces ingrédients sont autorisés grâce à la capture de nos agences. »
Selon Kennedy, ce système rend les enfants malades, créant un cycle de dépendance dont profite l’industrie pharmaceutique. « L’agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) reçoit aujourd’hui 50 % de son budget des entreprises pharmaceutiques et alimentaires. Pensez-vous que les agences de santé se soucient de votre santé ? ou encore que le ministère de l’Agriculture a votre bien-être à cœur ? Il n’y a qu’une chose qui compte pour eux : l’argent. »
Kennedy a conclu avec une vision de l’Amérique qu’il appelle à défendre : « Nous avons besoin d’un président qui démantèlera cette fusion corrompue entre le pouvoir de l’État et celui des entreprises. Vous méritez un président qui protégera nos enfants, nos libertés constitutionnelles, notre liberté d’expression, notre liberté de culte, et notre droit à des procès équitables. » Face à la foule, il a lancé un appel à l’action : « N’avez-vous pas envie d’un président qui va rendre l’Amérique saine à nouveau, la rendre libre et en faire de nouveau la plus grande nation et l’autorité morale du monde ? Allez aux urnes, amenez vos amis, et portez Donald Trump et moi à Washington, D.C. »
Retour à New York : un débriefing intense au Metropolitan Republicans Club
De retour à New York, j’ai assisté à une retransmission du débat des vice-présidents, où Ian Walsh Reilly, président du Metropolitan Republicans Club de New York, m’a confié son analyse, soulignant l'importance historique de l’alliance entre Donald Trump et Robert F. Kennedy Jr., qu'il considère comme une restauration de l’esprit initial du mouvement MAGA : « L'un des grands piliers de la fondation du mouvement MAGA en 2016 était sa capacité à transcender les divisions partisanes et à s'adresser aux Américains de tous horizons et idéologies, les unissant autour d'une conviction commune : leur amour pour leur pays et leur désir de faire à nouveau de l'Amérique une grande nation. »
Reilly me rappelle que, malheureusement, une fois Trump au pouvoir, le Comité national républicain (RNC) a rapidement circonscrit le mouvement sous l'ombrelle du Parti républicain, le rendant de plus en plus partisan avec, en parallèle, la complicité des démocrates de Washington qui cherchaient à affaiblir le mouvement populaire qui venait de les chasser du pouvoir.
Selon lui, l'alliance actuelle entre Trump et Kennedy Jr. - membre éminent d’une grande dynastie politique américaine de gauche, associée à une époque où les Américains étaient unis pour remporter la course à l’espace - redonne au mouvement MAGA sa portée bipartisane et rassembleuse. RFK Jr. incarne cette réconciliation, cette ouverture. Il ajoute que ce partenariat, avec l'engagement de Trump à faire des États-Unis une nation plus saine du point de vue de la santé, incarne une volonté commune des deux hommes de placer les intérêts du peuple au-dessus de ceux de l'establishment des deux partis, une classe politique qui, selon Reilly, s'enrichit et se maintient au pouvoir aux dépens des citoyens qu'elle est censée servir.
Cet environnement de soutien croisé et de pragmatisme rend l'administration Trump-Vance difficilement classifiable sous l'étiquette simpliste et tronquée de « far-right » (extrême droite). Ce mariage de raison entre les républicains et certains indépendants, épris de liberté et de souveraineté, a émergé en réponse à une gauche tendant à l'extrême et de plus en plus alignée sur des positions interventionnistes et autoritaires.
Des soutiens inattendus : Elon Musk et Ron Paul rejoignent le camp Trump
D’autres soutiens de taille ont également changé la donne. Elon Musk, PDG de X (anciennement Twitter) et partisan affiché d'une gestion efficiente, a rallié la campagne de Trump, accompagné récemment par Ron Paul, le légendaire libertarien. Avec Musk à ses côtés, Trump entend appliquer au gouvernement les principes de rationalisation qu’il a instaurés chez X, opérant l’entreprise avec seulement 20 % des effectifs initiaux. Dans un tweet sur son audit des agences fédérales américaines, Elon Musk a écrit : « J’ai hâte. Il y a beaucoup de gaspillage et de réglementations inutiles au sein du gouvernement qui doivent disparaître », avant de déclarer il y a quelques jours que « ce serait génial » si Ron Paul faisait partie de l'initiative et que ce dernier ne lui réponde être officiellement partant.
À ces renforts s’ajoute Vivek Ramaswamy, homme d’affaires indo-américain charismatique, qui incarne un modèle de réussite et de combativité contre la corruption, un sujet qui constitue le cœur de son discours. Celui-ci plaidant au nom du camp Trump pour « des quartiers sûrs, de bons emplois, des rues propres » et « un pays où vous êtes jugé en fonction de votre caractère, et non de la couleur de votre peau ou de vos convictions politiques », sa popularité croissante a déjà un impact notable, attirant une base de jeunes Américains avides de changement. Grand critique de l'état profond américain et du wokisme, il déclarait récemment lors du meeting au Madison Square Garden que « La foi, le patriotisme, le travail acharné et la famille ont disparu, remplacés par la race, le genre, la sexualité et le climat. Nous ne gagnerons pas cette élection en critiquant simplement l’autre camp, nous la GAGNERONS en défendant notre propre vision.»
Du côté de RFK Jr., on retrouve également sa colistière, Nicole Shanahan, avocate et entrepreneuse. Connue pour son engagement dans l'innovation et la justice sociale, Shanahan critique le soutien militaire à l’Ukraine et partage son scepticisme sur la sécurité des vaccins covid, se montrant proche des courants libertariens et dorénavant de Trump. Le soutien de ces nombreuses figures influentes pourrait peser lourd dans la balance et rendre difficile pour l’administration Trump-Vance d’être perçue comme extrémiste.
L’ombre des grands médias : une coalition diffamée
Le phénomène du ralliement massif d'indépendants à Trump est si inédit qu'il suscite un flot de critiques acerbes de la part des grands médias américains. ABC News, Rolling Stones, Reuters et d’autres multiplient les attaques.
Les attaques médiatiques contre Elon Musk se multiplient, notamment après son soutien affiché à la campagne de Trump. Dernièrement, Claire McCaskill, analyste de MSNBC et ancienne sénatrice, n’a pas mâché ses mots : « Il pense que parce qu'il sait fabriquer des fusées et des voitures électriques, il peut trouver comment inciter les gens à voter. » Une pique à laquelle Musk a répondu sans détour : « C'est drôle qu'elle n'ait jamais dit un mot sur Soros, qui a investi cent fois plus dans les élections que moi. » Avec un brin de défi, il ajoutait : « Si je peux comprendre la science avec SpaceX et la chirurgie avec Neuralink, alors peut-être que je peux aussi comprendre la politique. »
Les critiques ne se limitent pas aux États-Unis. Fin octobre, le magazine allemand Der Spiegel a publié un article accompagné d'un montage photo du visage de Musk aux côtés de celui de Trump, titré en anglais « Ennemi numéro deux ». Une image forte, que Musk n’a pas hésité à interpréter comme une incitation dangereuse. « À force de publier ces portraits à charge, les grands médias encouragent activement l’assassinat de Donald Trump et de moi-même, » a-t-il accusé.
Pourquoi tant de haine ? Nous nous souvenons tous du mensonge originel des médias, celui qui affirmait que Trump avait déclaré qu’il y avait 'des gens bien' parmi les néo-nazis. En réalité, lors de son discours, Trump avait explicitement condamné les suprémacistes blancs et les néo-nazis, précisant que ses propos sur les 'bonnes personnes' s’adressaient aux deux camps de manifestants ordinaires présents lors de la confrontation à Charlottesville : ceux venus défendre le retrait des statues historiques et ceux s’y opposant pacifiquement. Pourtant, cette citation tronquée, sortie de son contexte, a servi de base pour l’accuser de sympathie raciste et a contribué à construire une image profondément faussée de ses positions :
Ce détournement médiatique a marqué durablement l’opinion, attisant des tensions et érodant la confiance envers une couverture qui, pour beaucoup, semblait davantage dictée par des partis pris que par la réalité des faits.
Récemment, une autre controverse a éclaté lorsque ces médias ont prétendu que Trump voulait « placer Liz Cheney devant un peloton d'exécution ». Or, il s'était contenté de dire, dans une interview, qu'il aimerait voir les responsables politiques qui envoient des jeunes Américains au front assumer eux-mêmes ces risques en allant combattre en première ligne.
Mais pour les partisans de Trump, ce type de fausses accusations est révélateur des pratiques des médias de masse acquis à la cause démocrate, qui préfèrent user de sophismes et de comparaisons extrêmes plutôt que d’aborder les sujets de fond. Cette campagne de diffamation ne fait qu'alimenter la méfiance envers les grands médias, qui perdent chaque jour davantage de leur crédibilité.
Le poids des indécis
Ce mouvement de coalition, bien que populaire, fait donc face à de nombreux défis. Les médias traditionnels, malgré leur popularité déclinante, continuent de diffuser des récits contre Trump et ses alliés indépendants, s’appuyant sur les peurs d’une société polarisée. Les fake news, les déformations de propos et les attaques personnelles risquent d’alimenter un climat de tension qui pourrait éloigner certains électeurs.
Pourtant, les chiffres montrent un basculement possible. Avec des soutiens inattendus comme Elon Musk et Ron Paul, et un électorat indépendant en constante augmentation, Trump pourrait tirer parti de cette alliance pour mobiliser une nouvelle base électorale, faite de patriotes modérés, d’indépendants et de déçus du parti démocrate.
L’influence de figures comme Tulsi Gabbard et RFK Jr., qui incarnent la transition d’une gauche idéaliste vers une droite pragmatique, pourrait bien être déterminante. Pour eux, et pour beaucoup d’autres, la corruption, le gaspillage des ressources publiques, et l’ingérence constante dans les conflits étrangers représentent des obstacles majeurs pour une Amérique stable et prospère.
L’enjeu d’un scrutin historique
L'alliance entre Donald Trump et ces indépendants suffira-t-elle à ébranler l'ordre établi ? La réponse pourrait se dessiner dans la nuit du 5 au 6 novembre 2024, moment décisif où le scrutin révélera les aspirations profondes de l'Amérique. L'ombre d'un mouvement anti-guerre, d'une vision souverainiste et d'un pragmatisme délié des dogmes traditionnels semble planer sur le paysage politique américain, annonçant un potentiel virage historique.
Une Amérique fatiguée des conflits sans fin et des budgets militaires colossaux apparaît en quête de renouveau. Si elle n'a pas renoncé à son besoin d'influence mondiale, elle aspire à l'exercer différemment : avec prudence, en phase avec ses priorités internes et en respect des valeurs démocratiques. Sur le terrain, le message est clair : il ne s'agit pas de se retirer du monde, mais de redéfinir un engagement qui fasse sens pour une population lassée des promesses non tenues.
D'autant plus que l’enjeu de l’élection à venir aux États-Unis pourrait bien se révéler existentiel pour l’avenir démocratique du pays. Elon Musk, avec son sens aigu des défis systémiques, a récemment averti dans le célèbre podcast de Joe Rogan que 2024 pourrait être « la dernière élection démocratique » de l’histoire américaine. Parmi les préoccupations soulevées : les initiatives des démocrates visant à faciliter l’arrivée de flux massifs de migrants illégaux, avec pour objectif de les légaliser et de leur octroyer le droit de vote dans les États clés. Ce que je qualifie de « migration instrumentalisée » ou « weaponized migration » – une stratégie de guerre hybride de 5e génération, asymétrique, où des flux migratoires massifs et orchestrés deviennent des armes par destination capables de déstabiliser à court ou moyen terme le système et les infrastructures d'un Etat cible.
Si le parti démocrate restait au pouvoir, il pourrait également mettre en œuvre des réformes aux conséquences structurelles profondes, telles que l’augmentation du nombre de juges à la Cour suprême afin de retrouver une majorité perdue. Pire encore, des propositions récentes, comme celle de John Kerry, envisagent de modifier le Premier amendement pour lutter contre ce qu’ils qualifient de « désinformation » – un terme qui pourrait rapidement englober toute opinion divergente de la ligne officielle des démocrates. Ce contexte dessine une élection aux allures de point de bascule, où le débat se cristallise autour de la préservation des fondements mêmes de la démocratie américaine et des libertés individuelles.
À l'approche de cette nuit d'élection, les regards se tournent donc vers la coalition inédite entre Trump et RFK Jr., porteuse d'un espoir de transformation. Dans une victoire que nous appelons de nos vœux et pensons fort crédible, l'alliance entre les républicains et ces indépendants pourrait-elle tracer une nouvelle voie ? Cette dynamique promet en tout cas de bousculer les clivages traditionnels, en donnant voix à des sensibilités jusque-là marginalisées. Un modèle politique plus équilibré, où la voix des sceptiques et des pragmatiques pourrait trouver un écho, est peut-être en train d'émerger. Néanmoins, cette coalition nouvelle fait face à des défis colossaux : la pression des institutions, la surveillance médiatique, les manœuvres de guerre hybride et les attaques constantes. La ténacité de cette alliance sera mise à l'épreuve. Le choix des Américains lors de cette élection déterminera non seulement l'avenir de leur pays mais influencera peut-être l'équilibre du monde, en traçant la voie d'une nouvelle Amérique, plus réflexive, pragmatique et ancrée dans les réalités contemporaines.
L'intérêt de la France
En tant que souverainistes français, nous savons combien l’échéance américaine pourrait redéfinir l’équilibre mondial et, par là, influer sur notre propre souveraineté. Lorsque Donald Trump avait déclaré devant la publique médusé du Forum économique mondial que "l’avenir appartient aux patriotes, non aux globalistes", il avait éveillé un écho puissant chez les défenseurs de l’autonomie nationale, de droite comme de gauche, qui aspirent à un monde où chaque nation contrôle librement son destin. Dans cette perspective, la victoire d’un candidat qui mettrait fin à la doctrine interventionniste et refuserait les dérives bellicistes des élites démocrates américaines représente un véritable espoir pour la France.
Pour un souverainiste, l’idée gaulliste de non-ingérence et d’indépendance stratégique exige de la part des États-Unis un partenaire capable de respecter cette même autonomie. Alors que certains démocrates semblent prêts à risquer une escalade nucléaire ou à se battre "jusqu’au dernier Européen", il est clair que la France aurait tout intérêt à voir émerger un allié qui, sans renoncer à son influence, opterait pour une diplomatie de respect et de retenue. Trump, ou tout autre candidat résolu à défier ce complexe militaro-industriel, incarne ainsi un potentiel partenaire de la France dans cette quête d’un monde multipolaire, plus pacifique.
Pour nous, le chemin vers un avenir souverain repose sur des alliances avec ceux qui refusent, comme nous, de plier sous les diktats d’élites déconnectées et prônent une autonomie réelle. Une réorientation à Washington pourrait alors signifier bien plus qu’un changement de président : elle représenterait le triomphe d’une vision où la France, fidèle à l’esprit gaulliste, coopère librement avec les États-Unis et les autres nations, sur la base du respect mutuel et d’un engagement commun pour la paix.
Brice Hamard, Vice-Président de Impulsion Gaulliste (@HamardBrice).